David Herer

Documenter ses processus clés : le guide pratique pour les structures culturelles

Pourquoi et comment documenter les processus critiques de votre organisation culturelle ? Un guide par niveau pour démarrer simplement, avec des exemples concrets et des solutions actionnables.

Vous gérez une médiathèque, un festival, un musée ou une compagnie de théâtre ? Vos journées sont rythmées par des tâches répétitives : accueil du public, réservation d’espaces, gestion des collections, communication… Pourtant, ces activités ne sont souvent écrites nulle part. Résultat : quand un bénévole part, un salarié tombe malade ou un nouveau arrive, c’est la panique. La documentation des processus, c’est l’assurance de ne pas réinventer la roue à chaque fois. Ce guide vous explique comment démarrer, étape par étape, sans vous noyer dans un projet trop ambitieux.

1. C’est quoi, un processus clé ?

Un processus, c’est une suite d’étapes qui permettent d’atteindre un résultat précis. Dans une structure culturelle, ça peut être :

  • L’accueil du public : comment on gère les entrées, les questions fréquentes, les problèmes de billetterie ?

  • La réservation d’espaces : qui peut réserver ? Comment on valide ? Où sont stockées les infos ?

  • La gestion des collections (pour un musée ou une médiathèque) : comment on inventorie, prête ou restaure un objet ?

  • La communication : qui rédige les posts réseaux sociaux ? Qui valide ? Quel ton utiliser ?

  • La gestion des bénévoles : comment on les recrute, forme et remercie ?

Un processus clé, c’est un processus qui, s’il dysfonctionne, met en péril votre activité. Par exemple :

  • Si personne ne sait comment gérer les réservations, les salles se retrouvent surbookées ou vides.

  • Si l’accueil du public n’est pas clair, les visiteurs repartent frustrés.

  • Si la gestion des collections est opaque, des œuvres peuvent être perdues ou abîmées.

Documenter ces processus, c’est comme écrire une recette de cuisine : ça permet à n’importe qui de reproduire le plat sans tout deviner.

2. Par où commencer ? Le processus le plus critique d’abord

Pas la peine de tout documenter d’un coup. Commencez par un seul processus, celui qui vous fait le plus mal au quotidien. Posez-vous ces questions :

  • Quel processus génère le plus de stress ou de conflits dans l’équipe ?

  • Lequel prend le plus de temps à expliquer aux nouveaux ?

  • Lequel, s’il était mieux organisé, ferait gagner du temps à tout le monde ?

Exemple concret : Une médiathèque associative gère ses prêts de livres avec un tableau Excel partagé. Problème : personne ne sait qui a modifié quoi, les doublons s’accumulent, et à chaque départ d’un bénévole, il faut tout réexpliquer. Ici, le processus critique à documenter, c’est « Gestion des prêts et retours ».

2.1. Comment documenter un processus ? La méthode minimaliste

Pas besoin d’un manuel de 50 pages. Voici les étapes pour démarrer :

  1. Observez et notez : Demandez à la personne qui maîtrise le mieux le processus de vous l’expliquer à voix haute, comme si elle formait un nouveau. Notez chaque étape, même les évidences (« Ouvrir le fichier Excel »).

    « Un processus bien documenté, c’est comme un GPS : même si on connaît le chemin, ça évite de se perdre quand on est pressé. »

  2. Identifiez les points de friction : Où est-ce que ça coince ? Quelles étapes prennent trop de temps ? Quels problèmes reviennent souvent ?

    Exemple : Dans le processus de réservation d’une salle de concert, le point de friction peut être « Qui valide les réservations ? ». Si c’est toujours la même personne, que se passe-t-il quand elle est en vacances ?

  3. Écrivez une première version : Utilisez un format simple, comme une liste à puces ou un schéma. Voici un exemple pour un processus d’accueil du public dans un musée :

    1. Le visiteur arrive à l’accueil.
    2. On lui demande s’il a une réservation.
       - Si oui : on vérifie dans le fichier « Réservations_2024.xlsx » (dossier « Billetterie »).
       - Si non : on lui propose un billet plein tarif (20€) ou réduit (15€).
    3. On lui remet un ticket imprimé (modèle dans « Modèles/Ticket_visite.docx »).
    4. On lui indique où se trouve l’exposition en cours (plan affiché derrière l’accueil).
    5. Si le visiteur a une question spécifique (ex : « Où sont les toilettes ? »), on consulte la FAQ dans le dossier « Accueil ».
          
  4. Testez et ajustez : Demandez à quelqu’un qui ne connaît pas le processus de le suivre à la lettre. Est-ce que tout est clair ? Est-ce qu’il y a des étapes manquantes ? Corrigez en fonction de ses retours.

  5. Stockez le document au bon endroit : Le meilleur processus du monde ne sert à rien s’il est introuvable. Choisissez un outil simple et accessible à tous :

    • Un dossier partagé sur Google Drive ou Nextcloud.

    • Un wiki interne (comme Notion ou GitBook).

    • Un classeur physique, si votre équipe préfère le papier (mais attention aux mises à jour !).

3. Niveau intermédiaire : structurer sa base de connaissances

Une fois que vous avez documenté votre premier processus, vous pouvez passer à l’étape suivante : créer une base de connaissances. L’objectif ? Centraliser tous vos processus dans un seul endroit, facile à mettre à jour et à consulter.

3.1. Les bonnes questions à se poser

Avant de vous lancer, réfléchissez à ces points :

  • Qui va utiliser cette base de connaissances ?

    • Uniquement l’équipe permanente ?

    • Les bénévoles ?

    • Les prestataires externes (ex : une société de billetterie) ?

  • Quels processus doivent y figurer ?

    Priorisez ceux qui :

    • Sont critiques pour votre activité.

    • Changent souvent (ex : les procédures de réservation pendant un festival).

    • Sont complexes ou mal compris.

  • Comment organiser les informations ?

    Quelques idées de structure :

    • Par service : Accueil, Communication, Logistique…

    • Par type de processus : Gestion des publics, Gestion des collections, Administration…

    • Par fréquence : Quotidien, Hebdomadaire, Ponctuel (ex : préparation d’un événement).

3.2. Exemple de structure pour une base de connaissances

Voici un exemple pour une compagnie de théâtre :

Base de connaissances - Compagnie XYZ
├── Accueil du public
│   ├── Procédure d’ouverture/fermeture de la billetterie
│   ├── Gestion des réservations (en ligne et sur place)
│   └── FAQ pour les visiteurs
├── Production
│   ├── Organisation des répétitions
│   ├── Gestion des décors et costumes
│   └── Coordination avec les techniciens
├── Communication
│   ├── Calendrier éditorial (réseaux sociaux, newsletter)
│   ├── Modèles de posts et visuels
│   └── Contacts presse
└── Administration
    ├── Gestion des contrats (intermittents, prestataires)
    ├── Suivi des subventions
    └── Archivage des documents
  

4. Niveau avancé : améliorer et automatiser

Une fois que vos processus sont documentés et centralisés, vous pouvez aller plus loin :

4.1. Simplifier les processus

Un processus bien documenté, c’est l’occasion de l’améliorer. Posez-vous ces questions :

  • Est-ce que toutes les étapes sont vraiment nécessaires ?

  • Est-ce qu’on peut automatiser certaines tâches ?

    Exemple : Si vous gérez vos réservations avec un tableau Excel, passez à un outil comme HelloAsso ou Weezevent. Ça évite les erreurs et ça fait gagner du temps.

  • Est-ce qu’on peut standardiser certains éléments ?

    Exemple : Créez des modèles de mails pour les réponses fréquentes (ex : « Comment annuler une réservation ? »).

4.2. Former l’équipe

Une base de connaissances ne sert à rien si personne ne l’utilise. Pour encourager son adoption :

  • Formez les nouveaux : Intégrez la consultation de la base de connaissances dans votre processus d’onboarding.

    Exemple : « Avant ta première journée, lis les procédures d’accueil du public et note tes questions. »

  • Mettez à jour régulièrement : Désignez une personne responsable des mises à jour (ex : le coordinateur de l’équipe). Prévoyez un temps dédié chaque mois pour revoir les processus.

  • Encouragez les retours : Demandez à l’équipe de signaler les processus obsolètes ou incomplets.

    Exemple : « Si tu vois une procédure qui ne correspond plus à la réalité, envoie un mail à [nom] avec tes suggestions. »

5. Les erreurs à éviter

Documenter ses processus, c’est utile, mais attention aux pièges :

  • Tout documenter d’un coup : Commencez petit, avec un seul processus. Sinon, vous risquez de vous décourager.

  • Écrire pour soi, pas pour les autres : Un processus doit être compris par quelqu’un qui ne connaît pas le sujet. Testez-le avec un nouveau ou un bénévole.

  • Négliger les mises à jour : Un processus obsolète est pire qu’un processus non documenté. Prévoyez un système de révision régulière.

  • Choisir un outil trop complexe : Pas la peine d’investir dans un logiciel coûteux si un Google Doc ou un wiki suffit. L’important, c’est que tout le monde sache l’utiliser.

6. En résumé : votre checklist pour démarrer

Voici les étapes clés pour documenter vos processus sans vous décourager :

  1. Identifiez un seul processus critique à documenter en priorité.

  2. Observez comment il est actuellement réalisé et notez chaque étape.

  3. Écrivez une première version simple et claire (liste à puces, schéma…).

  4. Testez le processus avec quelqu’un qui ne le connaît pas et ajustez.

  5. Stockez le document dans un endroit accessible à tous (Google Drive, wiki…).

  6. Formez l’équipe à l’utiliser et prévoyez des mises à jour régulières.

Documenter ses processus, ce n’est pas une corvée : c’est un investissement. Ça prend du temps au début, mais ça en fait gagner énormément ensuite. Et surtout, ça rend votre structure plus résiliente : même si un membre clé part, les autres sauront prendre le relais.

7. Pour aller plus loin

Si vous voulez creuser le sujet, voici quelques ressources :

  • Outils :

    • Notion (pour créer un wiki interne).

    • GitBook (pour une documentation plus technique).

    • Trello (pour gérer des processus sous forme de tableaux Kanban).

  • Méthodes :

    • La méthode 5S (pour organiser son espace de travail, physique ou numérique).

    • Le cycle en V (pour documenter des processus complexes).

  • Exemples :

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